La gouvernance multi-niveaux du paysage

Christoph Görg (2005) considère que les principaux enjeux paysagers sont l’étalement urbain et les infrastructures de circulation, qui conduisent à l’érosion de la diversité biologique et aux conflits d’usage des paysages. Selon l’auteur, les questions de gouvernance sont liées à l’interconnexion entre les politiques d’échelle et les conditions naturelles du lieu, car le processus descendant est insuffisant. Les questions sont liées à l’articulation entre les processus/échelles sociaux et naturels, et entre les conditions biophysiques des lieux et la construction sociale de l’espace. Le terme « paysage » lui convient bien, avec ses multiples dimensions : sociétales (esthético-culturelles, économiques, infrastructurelles) et écologiques (biotiques, biodiversité, sols, etc.).

Les politiques environnementales sont fondées sur des traités entre gouvernements pour les questions transfrontalières, de sorte que les relations entre les niveaux international, national et infranational restent cruciales ; mais les ONG, les sociétés transnationales ou les organisations commerciales participent à cette gouvernance. Ainsi, le niveau international devient important pour la protection des savoirs locaux et des spécificités régionales, et les conflits locaux révèlent souvent une rétroaction aux constellations d’acteurs nationaux et mondiaux. Ainsi, le succès des processus de gouvernance à un niveau dépend de sa relation avec les autres niveaux. Mais il y a des relations de pouvoir dans la prise de décision politique.

L’enjeu est l’articulation entre les dimensions politique et écologique dans la gouvernance du paysage, car la construction sociale de l’échelle est toujours liée à la nature dans son existence spatiale, mais la formation des relations sociétales avec la nature dépend du niveau socio-politique. Ainsi, les paysages sont façonnés culturellement (processus socio-économique et perception symbolique comme la beauté) ; mais le paysage implique une confrontation avec différentes formes de socialisation de la nature (des aires protégées aux utilisations agricoles et aux zones urbaines). Il semble nécessaire de façonner de nouveaux paysages (tels que des paysages durables) en harmonie avec la protection de la nature, le développement économique et les possibilités communautaires. Mais l’échelle temporelle des décideurs est courte : il y a des limites financières et des conflits apparaissent entre les perceptions scientifiques, les besoins des décideurs et le grand public.

http://hdl.handle.net/10419/45223